samedi 2 octobre 2010

Acte 1, scène 3 : Jack in the box

Après un petit silence radio, je reviens à vous pour vous donner des informations capitales!


Après 1 mois de travail de terrain, j'ai vu de sacrées choses dans les pièges qu'on sort de l'eau... Alors autant vous en faire profiter! Alors bien sûr, ça ne risque pas d'émerveiller les vieux loups de mer, mais pour les petits jeunes comme moi qui découvrent les espèces marines du sommet de leur naïveté, c'est plutôt impressionnant!

Alors bien sûr, quand on part à la pêche aux homards...
Qu'est ce qu'on trouve le plus?
Allez, tout le monde devrait pouvoir répondre là!



Oulalala non, t'as tout faux toi là bas! Bon, je vois que ça vaut le coup que je reprenne quelques bases!
Quand on place des pièges à homards, l'espece qu'on capture le plus c'eeeessssst...
Des crabes!
Fiéfés coquins qui se terrent dans les recoins des filets, s'agrippant de toute la force de leurs pattes fines et de leurs pinces menaçantes, ce sont mes ennemis jurés.
Non mais franchement, vous allez me dire qu'il ne le faisait pas exprès? Toujours nombreux dans les zones difficiles (zones extérieures où le vent faisait tanguer le bateau, qui entrainait presque toujours mon cœur et mon oreille interne dans la danse), refusant de sortir avant une force d'autant plus grande que les conditions étaient mauvaises. Toujours à essayer d'attraper mes petits doigts... Non, vraiment, ces sales bêtes qui refusent de se laisser faire, tout en vous observant de leurs yeux vitreux en faisant sortir une myriade de bulles de leur bouche ont tout pour se faire des amis. Ha oui, j'oubliais une de leur plus grande qualité : ils se mangent entre eux! Alors, le cannibalisme annule tout leurs autres défauts?
Puisqu'on ne pouvait perdre trop de temps à attendre qu'ils sortent gentillement, la consigne était claire : tirer sur les pattes ou la carapace jusqu'à ce que ça vienne. Bon, ben du coup, ça se passe rarement pour le mieux. Les plus chanceux quittent le bateau avec seulement une ou deux patte en moins (pas besoin de vous affoler, ça repousse régulièrement!), d'autres sont relachés en mer en plusieurs parties (du type : sans pinces ni pattes, ou, plus grave, le corps sectionné. Et ça, ça ne se recolle pas tout seul.).


Alors les jours où j'ai eu pour consignes de soumettre les plus gros à l'expertise d'Hanne qui attendait de la famille pour le weekend et voulait les cuisiner, je vous assure que j'étais aux anges. Les imaginer bouillir m'a fait beaucoup de bien (Nan, je vous assure, ils l'ont bien mérité). De toute façon, ils sont bien trop nombreux, ils sont loin d'être en danger.


Bon, après les crabes, qu'est-ce qu'on trouve?
Oui, voilà, là tu as tout bon gamin! Des homards!
Bon alors les tailles varient, l'état aussi : entier, 1/2 hommes (traduction du nom norvégien pour les individus n'ayant plus qu'une pince sur les 2 initiales) et... les moines! Un Monk est un homard sans pinces. Pourquoi ce nom? Hé bien, les homards utilisent leurs pinces au cours de leurs ébats 'amoureux'. Comme on dit... 'Pas de bras, pas de chocolat'! Les pauvres doivent donc patiemment attendre une année ou deux que leur pinces repoussent, histoire d'être à nouveau opérationnel.
Alors après, il y a des homards vraiment gigantesques (facilement utilisable pour un grand diner familial vu la taille)

Celui-là n'est clairement pas le plus gros, mais ça donne déjà une idée du type d'appareil de mesure qu'on doit prendre pour évaluer la taille des bestioles...

Souvent, lorsque ce type de monstres restent piégé sous l'eau avec des petits camarades pendant plusieurs jours (le weekend par exemple)... Quelque chose de terrible se produit.
S'il commence à s'enerver ou à avoir faim, la fête tourne court pour les autres participants... qu'il transforme en moines et se délecte de la chair de leur pince! Une fois même (devant les caméras de la télévision nationale), nous avons retrouvé un homard purement coupé en deux en plein milieu. Il avait servi de buffet à volonté à toute la salle de bal pendant le weekend et il ne restait plus que la carapace... Pauvre de lui!

De telles histoire me font froid dans le dos, surtout quand je songe à H0927... Ha, mon petit H0927, sache que je ne t'oublierai jamais! A la seconde même où je l'ai vu jaillir de l'eau, j'ai su qu'il était différent des autres. Je l'ai receuilli avec amour et j'ai même eu le droit de le taguer. Puis, après avoir vécu quelques minutes de bonheur, j'ai du prendre la terrible décision de le relâcher en mer... Je sentait bien le regard de l'équipage. Personne ne pouvait comprendre la puissance de notre relation. Mais, même si cette romance était impossible (comment, en effet, aurais-je eu le courage de le ramener à la maison, surtout que je n'ai pas encore de salaire pour faire vivre 2 personnes et qu'il est particulièrement difficile de trouver un emploi stable pour un homard de nos jours), je ne l'oublierai jamais. Alors prends soin de toi, H0927, j'espère avoir de tes nouvelles bientôt!

Bref...
Veuillez excuser cette légère disgression.
Où en étais-je? Ha oui, les boîtes mystérieuses du fond de l'océan!
Ensuite, on trouve de nombreux poissons qui s'invitent dans les pièges et le regrettent lorsque le piège sort de l'eau et qu'ils commencent à frétiller joyeusement en suffoquant. D'ailleurs, ces 'frétillements' sont, en fonction de la taille de l'individu, parfois assez fort pour tuer d'un coup de queue d'autres occupants du loft sous-marin une fois sur le bateau! Il faut donc agir vite et les relâcher dans les eaux froides norvégiennes...

 ... où la plupart d'entre eux se font gober par notre escorte de mouettes qui guette toute objet quittant l'embarcation.

Ces petites coquines de mouettes ont même parfois le culot de venir se poser sur le bateau (et d'essayer de nous toucher à coup de rafales de guano). Mais elle sont globalement suffisament stupides et amusantes à regarder pour qu'on puisse leur pardonner ces quelques écarts de conduite.






Sinon, qu'est-ce qui nous accompagne au cours de nos excurssions?
Les méduses bien sûr, qui sur-saturent l'eau de mer, laissant de long fils gélatineux le long des cordes que je remonte à bord, couvrant nos peaux de petites aiguilles qui nous piqueront toute la soirée (ô joie).
Quelques araignées de mer et poux des poissons viennent de temps en temps nous rendre visite, profitant de l'ascenseur que constitue le pièges pour venir sécher sur le sol du bateau.
De merveilleuses algues utilise le même moyen de transport. De belles algues de toutes formes, couleurs et consistances! Je dois dire que j'ai un lien fort avec les algues en formes de bulles laiteuses, emplis d'eau de mer et qui se font un plaisir de m'asperger le corps de leur liquide suspect lorsque j'attrape les pans des pièges sur lesquels elles sont fixés...

Enfin, des lignes de pêches se prennent parfois dans les pièges, offrant des lignes et des appâts gratuits aux chercheurs de la station.
On a vu également deux langoustes, très rares dans les zones où l'on était...
Je crois que j'ai bientot fait le tour! Il ne reste plus qu'une seule espèce (ma hantise), rencontrée deux fois : les anguilles! Essayez de sortir ces vils visqueux du bateau, et vous rigolerez moins. Par contre, regardez quelqu'un le faire à votre place, et là, par contre, c'est assez drôle. En spécial cadeau bonus pour ceux qui ont réussi à lire jusque là, je vous offre une petite vidéo : (l'autre tentative fut bcp plus laborieuse et comique, mais elle n'a pas été filmée)

Maintenant, je vais répondre à une question que, j'en suis sur, vous êtes tous en train de vous poser : Mais alors, qu'est ce qu'on ne trouve pas dans les pièges à homards mis dans l'eau?
N'aie crainte, je suis là pour répondre à cette question!
Bien sûr, cette liste n'est pas exhaustive, mais elle regroupe les éléments importants:
- de spätzles et de saucisson sec (quel dommage)
- des suédois morts (et ça c'est plutôt positif, vu que les corps de ces malheureux, disparus il y a 2 semaines alors qu'ils étaient partis en mer par mauvais temps et sans protections, doivent être dans un sale état...)
- Poulpi (malgré tout mes efforts)
- des chatons (puisqu'ils viennent se mettre dans les pièges à l'extérieur de l'eau et non sous l'eau)
- le One Piece
- Justin Bieber
- Ceux des profondeurs (à croire qu'ils n'existent que dans les romans, mais je n'y crois pas un seul instant!)

- ...

Voilà, j'espère que vous vous sentez maintenant plus cultivés. Essayez d'utiliser ça dans une discussion et d'intéresser les gens avec tout ça, vous me direz si ça vaut le coup que j'essaie!

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